Quelques informations sur le livre d’Eve Ruggieri consacré
à Chopin (2010) : comment elle évoque la vie de Nicolas Chopin jusqu'en 1807
Classement :
biographies ; Nicolas Chopin
Première
partie : Aperçus historiques (Pologne et relations
franco-polonaises)
Deuxième
partie : Frédéric Chopin, questions biographiques
Troisième
partie : La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :
Ceci est la suite de la page Eve
Ruggieri biographe de Chopin (2010) dans laquelle
je présente l’auteur et l’ouvrage.
Les
éléments biographiques concernant Nicolas
Chopin apparaissent surtout dans le chapitre 2, notamment pages 26-29, que
je cite ci-dessous.
S'agissant de Nicolas Chopin, voir les pages de ce blog qui lui sont consacrées (lien).
S'agissant de Nicolas Chopin, voir les pages de ce blog qui lui sont consacrées (lien).
Référence
*Chopin L’impossible amour, Paris, Michel Lafon, 2010
Texte
Les astérisques sont des appels de note.
« Page
26
Mais qui
sont les parents de Frédéric-François Chopin ? Deux êtres d’horizons
totalement différents, vivant en parfaite harmonie.
Nicolas Chopin est français venu, dans des
circonstances assez troublantes, chercher fortune en Pologne. Né à Marainville*,
un village des Vosges au pied de la montagne de Sion*, troisième enfant d’un
paysan lorrain, charron ou vigneron, selon les fortunes des récoltes, Nicolas
entre au service du seigneur du lieu chez qui, depuis sa plus tendre enfance,
il a coutume d’aller louer ses menus services. Le comte Michel Pac*, ancien
chambellan d’Auguste III*, s’est installé là, après avoir suivi jusqu'en France
son roi, Stanislas Leczinsky*, et il a confié l’administration de ses terres à
l’un de ses compatriotes, Adam Weydlich*, familier de la maison Chopin au point
que la rumeur publique, reprise plus tard par un grand nombre d’historiographes,
veut qu’il soit devenu l’amant de Mme Chopin, Marguerite Deflin*. Toujours est-il
que le 15 avril 1771, à la naissance de Nicolas, Adam Weydlich s’est intéressé
de près à l’avenir et à l’éducation du jeune homme, au
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point de
lui faire passer un brevet d’études secondaires*, puis, lorsque les premiers
soubresauts de la Révolution française ont gagné la Lorraine*, de lui proposer
de le suivre jusqu'en Pologne. Et c’est au consentement de Nicolas* que l’on a
mesuré la force du lien affectif qui unissait les deux hommes car, à la vérité,
les possibilités de faire fortune en Pologne sont on ne peut plus aléatoires.
Convoitée depuis la nuit des temps par ses puissants voisins, la Pologne a été
victime, à la fin du XVIIIe siècle, de la coalition de la Prusse, de l’Autriche
et de la Russie bien décidées à se partager son territoire. Sauvagement dépecée
entre 1793 et 1795*, elle a vu son dernier roi* abdiquer, puis choisir un exil
misérable en Russie où il est mort. et ce n’est pas la glorieuse insurrection
de Kosciuszko* qui va sauver le pays du joug de l’envahisseur : tout au
plus parviendra-t-elle à préserver le sentiment national et l’orgueil de son
peuple martyr.
Or ce
soulèvement, Nicolas Chopin va y prendre
part*, preuve que les rumeurs* qui veulent que l’adolescent ait fui la France
pour ne pas être enrôlé dans les armées révolutionnaires sont fausses :
pour la Pologne, Nicolas, qui a alors dix-sept ans, sait se battre, échappant
d’ailleurs de justesse à la mort*.
Le calme
– tout relatif – rétabli, Nicolas Chopin
reprend l’étude de son violon, qu’il a emporté de Marainville, de sa flûte, et
la lecture de Voltaire, pour qui il éprouve une vive admiration, puis il se met
à la recherche d’un quelconque travail.
Le jour,
il gagne sa vie dans une petite manufacture de tabac*. Le soir, il étudie
ardemment. En quelques années, celui qui était parti de France avec une
orthographe balbutiante et de maigres connaissances d’histoire
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parle le
latin, l’allemand, l’anglais et le polonais, et possède à fond toutes les
subtilités grammaticales et orthographiques du français, si bien qu’il peut
envisager de donner des leçons. La Pologne connaît alors un essor intellectuel
sans précédent, une soif d’apprendre inextinguible, et le français est à la
mode au point que l’aristocratie trouve extravagant de dispenser ses enfants de
son enseignement.
Nicolas Chopin
est intelligent, il a l’esprit pratique et l’envie de s’élever socialement.
Excellent pédagogue, il ne tarde pas à s’imposer à Varsovie comme l’un des
meilleurs professeurs du moment, enseignant même un temps à Maria Leczynska,
future Marie Waleswska*, la maîtresse de Napoléon, au destin si tragique.
Pour
l’instant, elle est la compagne de jeux du jeune Frédéric Skarbek*. L’enfant
s’entend à la perfection avec son précepteur et ne cesse de le louer à sa mère.
Aussi, lorsque le comte Skarbek, ruiné, poursuivi par des créanciers, choisit
d’abandonner sa femme pour fuir en France*, la jeune comtesse, mère de cinq
enfants, propose-t-elle à Nicolas Chopin
de la suivre dans sa propriété de Zelazowa-Wola, où ses difficultés financières
la contraignent de se replier. [… Paragraphes évoquant la rencontre de Nicolas avec Justyna
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…]
Pour
Nicolas, c’est un beau mariage : en France, malgré la Révolution toute
récente, jamais un homme de sa condition n’aurait pu convoler avec une jeune
femme de cette lignée, mais en Pologne, nul ne pense à une éventuelle
mésalliance tant les manières de Nicolas
Chopin en une décennie sont devenues parfaites et occultent toute trace
d’origine paysanne.
Un an
plus tard, Louise, leur premier enfant, voit le jour* sous d’heureux
augures : Napoléon, après sa campagne de Prusse*, vient de libérer la
Pologne et de créer le duché de Varsovie*, un événement qui nimbe la
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France
d’un prestige particulier auprès de tous les Polonais. A Iéna*, Tilsitt*,
Austerlitz* ou Wagram*, les aigles polonaises volent de conserve avec les
aigles impériales. »
Notes
*Marainville :
Marainville-sur-Madon, située à 25 km au nord d’Epinal et 35 au sud de
Nancy ; la « montagne de Sion » (la « Colline inspirée » de Maurice Barrès) se trouve à environ 6 km à
l’ouest de Marainville
*Michel Pac (Michał Jan Pac, 1730-1787) : le comte Michał Pac arrive en
France vers 1772 ; il achète le domaine de Marainville en 1780. Voir la page
qui lui est consacrée.
*Auguste III : sous ce nom, roi
de Pologne de 1733 à 1763, simultanément électeur de Saxe (Frédéric-Auguste II de Saxe)
*Stanislas Leczinsky : Stanislas
Leszczynski (Stanisław Leszczyński,
1677-1766) : roi de Pologne (1704-1709), puis exilé, gendre de Louis XV
(1725), duc de Lorraine de 1737 à 1766
*Adam Weydlich (Adam Jan Weydlich, 1742-ca 1815) :. Il arrive en France en
1770. Voir la page
qui lui est consacrée.
*Marguerite Deflin (1736-1794), épouse Nicolas Chopin le 17 janvier
1769
*brevet d’études secondaires : à voir
*brevet d’études secondaires : à voir
*lorsque les premiers soubresauts de la Révolution
française ont gagné la Lorraine : anachronique ; le retour des
Weydlich n’a rien à voir avec la Révolution française, mais est liée à la mort
de Michel Pac et à la revente de la seigneurie par sa famille, installée, dans
l’ensemble, à Strasbourg
*consentement de Nicolas : le
départ de Nicolas vers la Pologne a lieu en 1788 (il a alors 17 ans)
*sauvagement dépecée entre 1793 et 1795 :
la République des Deux Nations subit trois partages (1772, 1793 et 1795), le
dernier mettant fin à son existence en tant qu’Etat
*son dernier roi : Stanislas
Auguste Poniatowski (Stanisław August
Poniatowski, 1732-1798), roi de Pologne de 1764 à 1795 ; détrôné par
le troisième partage de la Pologne, il finit sa vie en Russie et meurt à Saint-Pétersbourg
*Kosciuszko : Tadeusz Kosciuszko (Tadeusz Kościuszko, 1746-1817), officier
polonais, héros de l’indépendance américaine, dirige l’insurrection qui a lieu
en 1794 après le second partage de la Pologne
*Nicolas Chopin va y prendre part :
dans la Garde nationale de Varsovie (il est alors âgé de 23 ans)
*les rumeurs : fondées sur une
lettre de 1790 de Nicolas à ses parents. Voir la page
qui lui est consacrée
*échappant d’ailleurs de justesse à la mort : son unité aurait été relevée la veille de l'attaque de Praga (faubourg de Varsovie) par les Russes
*manufacture de tabac : Nicolas Chopin a bien travaillé à la manufacture de tabac de Varsovie, mais au début des années 1790. Voir la page qui y est consacrée.
*échappant d’ailleurs de justesse à la mort : son unité aurait été relevée la veille de l'attaque de Praga (faubourg de Varsovie) par les Russes
*manufacture de tabac : Nicolas Chopin a bien travaillé à la manufacture de tabac de Varsovie, mais au début des années 1790. Voir la page qui y est consacrée.
*Maria Leczynska : en polonais Maria Łączyńska /Wontchénska/ (1786-1817) ;
elle n’a donc rien à voir avec la famille Leszczynski
*future Marie Waleswska : Marie Walewska
*Frédéric Skarbek (Fryderyk Skarbek, 1792-1866), juriste et économiste, écrivain, haut
fonctionnaire du royaume de Pologne ; il n’est pas le parrain officiel de Chopin,
mais est tout de même considéré comme tel. Voir les pages
qui lui sont consacrées.
*d’abandonner sa femme pour fuir en France : le comte Skarbek a effectivement quitté son épouse vers 1800, mais je ne crois pas qu'il soit parti en France
*Louise voit le jour : le 6 avril 1807
*d’abandonner sa femme pour fuir en France : le comte Skarbek a effectivement quitté son épouse vers 1800, mais je ne crois pas qu'il soit parti en France
*Louise voit le jour : le 6 avril 1807
*campagne de Prusse : celle-ci a
lieu à partir d’octobre 1806 (Quatrième Coalition) ; elle
aboutit à la défaite et à l’occupation de la Prusse
*duché de Varsovie : créé officiellement
au traité de Tilsit (juillet 1807), mais prévu dès la fin 1806
*Iéna : le 14 octobre 1806
*Tilsitt : il ne s’agit pas d’une
bataille, mais du lieu (sur le fleuve Niemen) des traités entre la France et la
Russie (7 juillet), la France et la Prusse (9 juillet)
*Austerlitz : le 2 décembre 1805
*Wagram : les 5 et 6 juillet 1809
Commentaires
Le laxisme chronologique signalé dans la page précédente est ici très important, affectant à la fois la chronologie historique et biographique.
Quelques exemples :
1) L'auteur rattache la présence de Michel Pac à Marainville à Stanislas Leszczynski, alors que celui-ci est arrivé en Lorraine en 1737, l'époque de la naissance de Michel Pac, tout en le plaçant comme chambellan auprès d'Auguste III ;
2) Elle indique la présence d'Adam Weydlich et de Michel Pac à Marainville dès avant la naissance de Nicolas Chopin (1771), ignorant le vrai motif de leur venue en France (la crise polonaise de 1768-1772) ; leur arrivée à Marainville est nettement plus tardive ;
3) Situant correctement la venue de Nicolas en Pologne à l'âge de 17 ans (soit 1788), elle n'en évoque pas moins, à ce moment, le début de la Révolution française, et surtout l'insurrection de Kosciuszko (1794).
Il n'y a pas lieu d'insister lourdement.
Quelques exemples :
1) L'auteur rattache la présence de Michel Pac à Marainville à Stanislas Leszczynski, alors que celui-ci est arrivé en Lorraine en 1737, l'époque de la naissance de Michel Pac, tout en le plaçant comme chambellan auprès d'Auguste III ;
2) Elle indique la présence d'Adam Weydlich et de Michel Pac à Marainville dès avant la naissance de Nicolas Chopin (1771), ignorant le vrai motif de leur venue en France (la crise polonaise de 1768-1772) ; leur arrivée à Marainville est nettement plus tardive ;
3) Situant correctement la venue de Nicolas en Pologne à l'âge de 17 ans (soit 1788), elle n'en évoque pas moins, à ce moment, le début de la Révolution française, et surtout l'insurrection de Kosciuszko (1794).
Il n'y a pas lieu d'insister lourdement.
Création :
10 avril 2017
Mise à
jour : 12 avril 2017
Révision : 3 juillet 2017
Auteur
: Jacques Richard
Blog :
Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 284 Eve Ruggieri 2 : Nicolas Chopin
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2017/04/eve-ruggieri-2-nicolas-chopin.html
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