Quelques informations sur la lettre à Titus Woyciechowski :
réflexions sur « la voix menaçante du peuple » : la version donnée par Edouard
Ganche dans sa biographie de Chopin
Classement : biographie de Frédéric Chopin ;
période française (1831)
Ceci est une suite des pages La
lettre de Chopin à Titus Woyciechowski : version polonaise et La
lettre de Chopin à Titus Woyciechowski (25 décembre 1831).
Cette lettre est une des plus connues de la correspondance
de Chopin, notamment parce qu’il y fait état des manifestations en faveur du
général Ramorino, qui ont eu lieu peu après l’arrivée de celui-ci à Paris,
alors qu’il logeait non loin de l’appartement occupé par Chopin à cette époque.
Ce passage, notamment une phrase, pose un problème d’interprétation, concernant
les sentiments exprimés par Chopin au sujet de ces manifestations.
Je donne ci-dessous la version donnée par Edouard
Ganche du passage consacré aux manifestations en faveur du général Ramorino.
L’ouvrage dont est extrait ce passage est étudié sur la page
Edouard
Ganche biographe de Chopin 2 Frédéric Chopin
Référence
*Frédéric
Chopin Sa vie et ses œuvres 1810-1849, Paris, Mercure de France, 1937 (19ème
édition), pages 84-86 : « Frédéric Chopin en France, Chapitre 1 : 1831-1834 »,
Le texte d’Édouard Ganche
«
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Il [Chopin] s’installe au quatrième étage d’un immeuble sis au numéro
27 du boulevard Poissonnière, et le spectacle de Paris et de la vie des grands
boulevards le surprend par sa nouveauté. Les Parisiens se sont passionnés pour
les luttes de la Pologne, ils manifestent leur enthousiasme ou leurs colères et
Chopin assiste, sitôt arrivé, à la réception du général Ramorino revenant de
Pologne :
L’enthousiasme du peuple pour notre général t’est connu,
écrit Chopin à Titus Woyciechowski. Paris ne resterait pas
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en arrière sous ce rapport. L’Ecole de Médecine et la jeune
France, qui portent leurs barbes et leurs cravates suivant un certain
modèle, ont voulu l’honorer par une grande démonstration. Chaque parti
politique – je parle naturellement des ultras, - arbore sa marque distinctive.
Les Carlistes portent des gilets verts, les Républicains et les Napoléonistes
(ceux-ci forment la jeune France) ont des gilets rouges, les Saints-Simoniens
qui professent une nouvelle religion le portent bleu, et ainsi de suite. Près
d’un millier de ces jeunes gens, marchèrent à travers la ville avec un drapeau
afin de saluer Ramorino. Bien qu’il fût chez lui, et malgré les cris de
« Vive les Polonais », il ne se montra point, craignant de
mécontenter le Gouvernement. Un des ses officiers vint dire que le général
regrettait de ne pouvoir les recevoir et les priait de revenir un autre jour.
Mais le lendemain il prit soin de changer d’appartements. Quelques jours après,
une foule immense – formée non seulement de jeunes gens, mais de la populace –
s’assembla près du Panthéon et s’avança de l’autre côté de la Seine vers la
maison de Ramorino. La foule grossit comme une avalanche et dut être dispersée
par des charges de police à cheval qui stationnait près du Pont Neuf. Un grand
nombre de manifestants s’amassèrent sur les boulevards, sous mes fenêtres, dans
l’espoir de rejoindre ceux qui étaient restés sur la rive gauche. La police
était maintenant impuissante, la foule grossissait de plus en plus, si bien
qu’un corps d’infanterie et un escadron de hussards arrivèrent. Le commandant
ordonna à la garde municipale et aux troupes de refouler des trottoirs et de la
rue les curieux et la foule tapageuse, et d’arrêter leurs chefs. La panique se
propagea avec la rapidité de l’éclair ; les magasins furent fermés, la
populace s’attroupa à tous les coins de rues et les cavaliers qui galopaient à
travers les rues étaient sifflés. Toutes les fenêtres étaient bondées de
spectateurs et l’agitation dura de onze heures du matin à onze heures du soir. Je
croyais que cette agitation finirait mal, mais vers minuit les manifestants
chantèrent : Allons enfants de la patrie ! et se dispersèrent. Je ne
puis te dire la désagréable impression que
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m’ont produite les voix horribles de ces émeutiers et de
cette cohue mécontente. Tout le monde craignait que ce tumulte reprît le
lendemain.
Chopin n’aime ni la foule, ni le bruit, et les dissensions politiques
le rebutent. Il se complaît exclusivement dans la musique. »
A venir
Commentaires
A suivre
A suivre
*Analyse du passage sur le général Ramorino (comparaison des traductions d'Edouard Ganche et de Bronislas Sydow)
*Analyse de la phrase « Je ne puis te dire la désagréable impression que m’ont produite les voix horribles de ces émeutiers et de cette cohue mécontente » (idem)
*Analyse de la phrase « Je ne puis te dire la désagréable impression que m’ont produite les voix horribles de ces émeutiers et de cette cohue mécontente » (idem)
Création : 10 décembre 2015
Mise à jour :
Révision : 30 juin 2017
Auteur
: Jacques Richard
Blog :
Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 227 La lettre de Chopin à Titus Woyciechowski : version d'Edouard Ganche
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2015/12/lettre-titus-version-dedouard-ganche.html
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